L’ultime secret révélé…

La mort mystérieuse du pape Jean-Paul Ier

Décès du pape Jean-Paul 1er : complot ou mort naturelle ?

Décès du pape du Pape Paul VI

photo du Pape Paul VI mort
Paul VI mort le 6 août 1978

Avant d’évoquer la mort du Pape Jean-Paul 1er il faut évoquer celle de son prédécesseur.Le 6 août 1978, sa Sainteté le Pape Paul VI décède soudainement d’une crise cardiaque après 15 ans de pontificat.

Le 26 août 1978, le nouveau pape est élu.  C’est Monseigneur Albino Luciani, Patriarche de Venise qui fut poussé sur le Saint siège et intronisé le 3 septembre. Il devient alors le  263e pape de l’Église catholique,

Monseigneur Albino Luciani n’avait pourtant rien demandé et n’était pas parmi les favoris. Il fut élu à la suite d’un vote de compromis entre les deux clans qui s’affrontaient alors. L’un des clans était mené par Mgr Guiseppe Siri, archevêque de Gênes et l’autre par Mgr Giovanni Benelli Archevêque de Florence à la tête des progressistes libéraux. Aucun des deux clans ne pu imposer son candidat comme successeur du défunt Paul VI. Albino Luciani fut choisi pour son apparente docilité.

Tension autour de l’élection

Des pressions avaient été faites pour réunir le conclave de son élection au plus vite. Il fallait écourter la vacance du siège et ainsi éviter d’ébruiter à l’extérieur des murs Vatican les luttes internes. Le Clergé avait besoin d’inspirer confiance pour redorer l’image de l’Église catholique mise à mal dans différentes accusations de détournement financier.

Deux camps s’affrontent

Monseigneur Jean-Marie Villot, camerlingue[1] pour la circonstance, s’était immédiatement donné beaucoup de mal pour préparer le conclave[2]. Il s’était répandu en multiples échanges, auprès des cardinaux meneurs des différents courants, afin que l’élection du nouveau Pape soit réglée au plus vite.
Le nouveau conclave risquait de voir s’affronter les deux camps rivaux ; d’un côté les conservateurs, menés par Monseigneur Guiseppe Siri, archevêque de Gênes et de l’autre les progressistes libéraux, menés par Monseigneur Giovanni Benelli Archevêque de Florence, sans qu’aucun d’entre eux ne puisse imposer son candidat. Le conclave s’enliserait alors dans l’inconfort de la Chapelle Sixtine. Le plus long[3] conclave avait duré 181 jours et 4 cardinaux étaient morts pendant son déroulement. De quoi réfléchir… Surtout, un conclave long était mauvais signe pour l’image de l’Eglise catholique dans l’opinion publique et Dieu sait si elle avait besoin de la soigner.

Ainsi, pour de ne pas laisser filtrer leurs divergences, Monseigneur Villot réussit à convaincre les cardinaux d’élire un Pape supposé docile et neutre, que chacun pourrait rallier à sa cause une fois élu. Finalement, après seulement deux jours, en 4 tours de scrutin, le 26 août à la majorité des deux tiers, ils poussèrent sur le saint siège Monseigneur Albino Luciani qui ne demandait rien.
Selon la tradition, la fumée blanche annonça la bonne nouvelle à la foule qui attendait sur le parvis de la place saint Pierre de Rome.

L’élection d’Albino Luciani comme nouveau pape fut rapide et il fut surnommé «le pape sourire »
Il prit le nom de Jean-Paul 1er en hommage à ses deux prédécesseurs immédiats Jean XXIII et Paul VI,

Albinano Luciani devient Jean-Paul Ier

Photo portrait du pape Jean-Paul 1er
Portrait de Albino Luciani, pape Jean Paul Ier (en latin Johannes Paulus I, en italien Giovanni Paolo I : 1912-1978)

Plutôt progressiste, Jean-Paul 1er fut immédiatement l’objet de très fortes pressions des deux bords. Chacun pensait que ce Pape souriant, discret, souriant  et timide serait influençable et épouserait sa cause. A son élection le pape déclare : «tempestas magna est super me » (« une grande tempête est sur moi »). Cette phrase lui était-elle inspirée par les tiraillements internes de l’Église ou bien était-ce une forme de prémonition ?
Plutôt progressiste, Jean-Paul Ier  se positionne néanmoins dès le départ contre l’avortement et la contraception mais s’efforce d’humaniser la charge pontificale : en s’exprimant à la première personne, abandonnant ainsi le « nous de majesté ».

Le bord progressiste libéral, l’enjoignait trois fois par jour de convoquer un Concile[4] pour engager de nouvelles réformes. L’Eglise Catholique Romaine semblait toujours figée dans ses dogmes depuis le Concile de Nicée de 325. Il était crucial qu’elle s’ouvre au monde contemporain. Le Concile « Vatican II » qui s’était déroulé de 1962 à 1965 avait bien apporté quelques évolutions, mais cela n’était pas suffisant aux yeux des progressistes en raison de la rapidité avec laquelle le monde mutait.  Jean-Paul 1er était en passe de signer la bulle de convocation du nouveau Concile.
33 jours après son élection, sa journée du jeudi 28 septembre 1978 fut éprouvante. Harcelé par la Curie,[5] il eut à traiter de la mutation de nombreux responsables, du déplacement de cardinaux, mais surtout des grandes réformes envisagées.

Le pape Jean-Paul 1er est retrouvé mort

Le lendemain vendredi 29/9/1978, le corps sans vie de Jean-Paul 1er fut découvert dans son lit vers cinq heures du matin par la sœur Vincenza Taffarel qui comme tous les jours lui apportait son café.
« adossé à de gros oreillers, en position de lecture, décrit Bernard Lecomte. Il a ses lunettes sur le nez. La lampe de chevet, à la tête du lit, est allumée. Il tient encore entre ses doigts des feuilles de papier qui n’ont pas glissé de ses mains, lesquelles sont froides et rigides. »

Ainsi que l’estima le médecin arrivé tardivement, la mort de Jean Paul 1er fut établie à vingt-trois heures la veille, soit 33 jours et 6h après son élection, l’un des plus courts pontificats.
Le médecin procéda à la toilette mortuaire du Souverain pontife aidé par le Cardinal français Villot, le secrétaire d’État redevenu Camerlingue et précipita l’embaumement. Les funérailles eurent lieu le 4 octobre 1978.

Le cercueil du PapeJean-Paul Ier porté devant la Basilique Saint-Pierre le 4 octobre 1978
Le cercueil du PapeJean-Paul Ier porté devant la Basilique Saint-Pierre le 4 octobre 1978
©MP/Portfolio/Leemage

Les rumeurs sur la mort du Pape Jean-Paul Ier

Des rumeurs commencèrent rapidement à circuler amplifiées par le fait que le corps du défunt pape ne fut pas autopsié et que le Vatican peina à produire un certificat de décès.
Des interrogations répétées évoquèrent des doutes sur la découverte du corps du pape par la sœur Vincenza Taffarel, sur ce qu’il était en train de lire avant sa mort.

Les théories du complot ne se firent pas attendre ! La théorie du complot fit d’autant mieux son chemin que Monseigneur Jean-Marie Villot secrétaire d’Etat, redevenu camerlingue au décès du Pape, précipita l’embaumement du corps du Pape ce qui empêcha toute autopsie. La lettre de révocation de Monseigneur Villot était à la signature dans le parapheur du Pape Jean-Paul Ier ainsi que celles qui déclencheraient un profond remaniement de la Curie… Les suspicions furent entretenues sans grande peine, compte tenu de leurs parfums aussi scandaleux que mystérieux. Cela permit surtout de faire diversion, occultant les importantes divisions de la Curie ainsi que les motifs réels du décès de Jean-Paul Ier.

Le communiqué officiel

Le communiqué officiel fut. «Ce matin, 29 septembre 1978, vers 5 h 30, le secrétaire particulier du pape John Magee est entré dans la chambre pontificale car il n’avait pas vu le pape dans la chapelle où il se rendait d’habitude à cette heure, et il l’a trouvé mort dans son lit…» . L’histoire est réécrite en demi-vérité. Pourquoi a-t-on occulté  la présence de la Vincenza ? Est-ce par crainte du qu’en-dira-t-on ? Une femme dans la chambre du saint père ?

Des affaires disparurent. Où sont passé les documents que Jean Paul Ier tenait dans ses mains lorsqu’il est mort ? Que contenaient-ils ? Une liste de prélats peut-être ? Ceux qu’il voulait renvoyer de la curie romaine pour faire bouger L’Église Catholique figée dans ses dogmes depuis le Concile de Nicée de 325 ? Et si on avait tué le pape parce qu’il préparait un remaniement radical au Vatican ? De quoi alimenter  la machine à fantasmes.

Théories du complot sur la mort du Pape Jean-Paul Ier

La théorie du complot fit d’autant mieux son chemin que Les théories du complot ne se firent pas attendre !« 33 » est le nombre de degrés maçonniques dans le rite écossais ancien et accepté…La Curie commençait à grossir les rangs de la Franc-maçonnerie. Le matin du décès de Luciani, aux abords du Vatican, on aurait vu la silhouette de l’inquiétant Paul Marcinkus, directeur de la banque du Vatican[6]. Les déboires de la banque du Vatican dirigée par Mgr Paul Marcinkus alimentèrent bien des spéculations. La banque, engluée dans le scandale de Banco Ambrosiano conduite par Roberto Calvi de la loge maçonnique P2, la banque perdait des sommes astronomiques. Sa réputation était sulfureuse. Rome bruissait qu’elle était une plaque tournante de la maffia et du blanchiment d’argent. On retrouva Roberto Calvi pendu à Londres sous le pont Blackfriars (les frères noirs… ça ne s’invente pas…).

Etranges actions après sa mort

Monseigneur Jean-Marie Villot secrétaire d’Etat est redevenu camerlingue au décès du Pape. Il précipita l’embaumement du corps du Pape ce qui empêcha toute autopsie. La lettre de révocation de Monseigneur Villot était à la signature dans le parapheur du Pape Jean-Paul 1er ainsi que celles qui déclencheraient un profond remaniement de la Curie… Les suspicions furent entretenues sans grande peine, compte tenu de leurs parfums aussi scandaleux que mystérieux. Cela permit surtout de faire diversion, occultant les importantes divisions de la Curie ainsi que les motifs réels du décès de Jean-Paul 1er.
Les théories furent les plus diverses. EffectivementLes thèses l’assassinat organisé par des comploteurs maçonniques prospérèrent. [FL1] L’abbé traditionaliste Georges de Nantes en fut le tenant. Il consacra une partie de sa vie à conduire des investigations dans ce sens.

Davis Yallop écrit un livre sur Jean-Paul Ier

Un autre auteur, David Yallop pousse la thèse d’un empoisonnement qu’il développe dans son livre « Au nom de Dieu ». Il implique dans sa thèse Roberto Clavi patron de la Banque Ambrosiano qui fit perdre à la Banque du Vatican plus de 250 millions de dollars ce qui était une somme considérable pour l’époque. David Yallop ira jusqu’à proposer de reverser les droits d’auteurs issus de son livre à une œuvre caritative catholique si le Vatican le laissait mener son enquête sur ses principales hypothèses.

Il insiste sur le fait que les commanditaires seraient bien dans la loge P2 et que le maniement des poisons y était coutumier, en particulier la digitaline. Les membres importants étaient réputés en avoir toujours sur eux. Le suicide manqué en mai 1980 de Michele Sindona, membre influent de la loge, donna du crédit aux thèses d’empoisonnement. Il s’ouvrit les veines et en absorbant ce poison
Yallop cite aussi un cardinal, archevêque de Chicago qui aurait eu des mobiles pour se liguer en vue de tuer le Pape Jean-Paul 1er. Des tentatives auraient raté le Pape et atteint d’autres prélats.

Coppola un film

En 1991, le Parrain 3 de Francis Ford Coppola popularise la thèse de l’empoisonnement. Le film comporte une séquence inoubliable. Dans un clair-obscur, une nonne monte un escalier monumental pour aller servir au pape, non pas le bouillon de 11 heures, mais la tisane fatale… à la digitaline, sans doute. «Tout ce qui est dit du Vatican dans le film, la gestion opaque des fonds et les zones d’ombre autour de la mort du pape Jean-Paul 1er, me semble véridique», a soutenu Coppola. Si le maestro le dit…

Encore aujourd’hui, beaucoup pensent que ce « Pape sourire » a payé sa volonté de mettre un terme aux tractations financières obscures du Vatican.

« A thief in the night » de John Cornwell

L’historien John Cornwell publia un livre “A thief in the night” sur le sujet.  Il avance au contraire la thèse d’une mort naturelle d’un pape déjà très malade. Le Pape Jean-Paul 1er aurait succombé sous la pression de sa charge de travail et des stress liés aux conflits qu’il devait trancher. Le Pape avait été déjà hospitalisé huit fois dont quatre pour opérations.  Il était sous anti-coagulants et devait se ménager. Il s’avère que le 28 septembre en toute fin de journée il avait eu une très longue conversation tumultueuse.  C’était une conversation avec l’archevêque de Milan à propos de la nomination de cardinaux. Si de plus, il avait oublié de prendre son traitement, il est probable que la conjonction des deux circonstances ait provoqué une thrombose qui l’ait emporté.

D’autres théories sur la mort de Jean-Paul Ier…

Lucien Grégoire, quant à lui, dresse une très longue liste de pas moins de 30 personnes de l’entourage du Pape. Ces personnes seraient décédées de façon suspecte après la disparition du Pape. Parmi eux un ancien secrétaire personnel, un auteur enquêtant sur le sujet, le primat de Belgique, et d’anciens membres de la garde suisse du Vatican.
D’autres théories estimèrent qu’il fallait y voir la main du Kremlin. Jean-Paul Ier était réputé vouloir remettre en cause les avancées de ses deux prédécesseurs ouverts aux relations avec les communistes. Certaines thèses à l’opposé iront jusqu’à relier la mort du Pape au troisième secret de Fatima. Secret qui aurait conduit le pape à consacrer la Russie.

Enfin des « survivalistes » soutiennent que le pape ne serait pas mort. Un sosie aurait remplacé le Pape après qu’il ait été kidnappé par les francs-maçons. Le sosie se montrant peu fiable et peu obéissant il aurait été purement et simplement assassiné.
D’autres thèses évoquent le suicide du pape, dépassé par la tâche.  Au moyen d’une prise de médicaments en doses excessives. Certains évoquent l’Effortil qui visait à soulager sa tension artérielle.
Il est certain que se règne court a alimenté toutes les spéculations, des plus probables aux plus farfelues.

La mort de Jean-Paul Ier ouvre le roman « Le Secret de Marthe ». La dernière journée du souverain pontife fut en effet éprouvante et ses dernières heures vont contribuer changer le monde. Le lecteur saura sans doute en tirer ses propres conclusions.

Notes :

[1] Lors du décès d’un Pape, le « camerlingue » assure l’intérim matériel du Vatican en attendant l’élection du nouveau Pape.
[2] Le conclave = « sous clé » est le processus d’élection d’un Pape. Les cardinaux votants sont réputés être enfermés dans la chapelle Sixtine jusqu’à ce que le Pape soit élu. Dans les faits, ils logent la nuit dans la résidence sainte Marthe.

[3] Il a débuté le 18 février 1740 après le décès de Clément XII
[4] Réunion des évêques à même de prendre des décisions relatives aux dogmes et doctrines.
[5] Administration du Vatican
[6]  De son vrai nom l’Institut pour les Œuvres de Religion ; en abrégé l’IOR.

 

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