Sitting Bull est un Grand Chef Indien Sioux de la tribu des Lakotas Hunkpapas. Les Sioux étaient une des nations indiennes d’Amérique du Nord. Ils occupaient les grandes plaines des immenses territoires du centre des Etats-Unis actuels, débordant vers le Sud Est et le Sud Ouest.
Sitting Bull serait né en mars 1831 dans le Dakota du Sud et mort le 15 décembre 1890 dans la réserve indienne de Standing Rock.
Son nom veut dire « Taureau assis » ou plus exactement « Bison qui s’assied ». Il aurait reçu ce nom indien selon les coutumes vers l’âge de 14 ans. Suite à un premier exploit guerrier lors d’une bataille contre la tribu ennemie des Crow, il aurait gagné sa première plume.
Son histoire
Enfant, il excelle à la course à pieds, à l’équitation et au tir à l’arc. Il aime chasser le bison et poursuivre les troupeaux. Il aurait tué son premier bison à l’âge de 10 ans.
Sa première épouse est morte en couche et son enfant mourra lui-même en basse enfance de maladie. Plus tard, il se remariera et il aura quatre autres femmes et enfants.
Vers trente ans il est devenu « Homme médecine ». Il connaissait les plantes et soignait. Surtout il avait la charge de perpétuer les rites de la nation Sioux et de les enseigner comme d’interpréter les mythes sacrés, les croyances et les phénomènes naturels. « Une intense spiritualité régnait dans tout son être. Elle a alimenté une constante recherche de compréhension de l’univers.»
Sitting Bull, le combattant
Sitting Bull fait partie des principaux chefs des tribus amérindiennes à s’être opposés à l’armée américaine en raison de l’appropriation de leurs terres. L’expansion vers l’ouest des colons visait en effet leurs collines aurifères et leurs territoires. Il participa à la bataille de Little Bighorn le 25 juin 1876 qui verra la coalition des nations Sioux et Cheyenne défaire le 7 ème régiment de cavalerie commandé par le lieutenant colonel Custer. Il ne fut pas autorisé à prendre part à la bataille en raison de son statut d’Homme médecine. Les guerriers furent conduits par le chef indien Crazy Horse et par d’autres chefs Cheyennes.
Il devra ensuite fuir au Canada pour échapper aux représailles de l’armée américaine. Il reviendra aux Etats-Unis puis sera emprisonné en 1881 pendant deux ans avant d’être dirigé vers les réserves indiennes de Great River.
Sitting Bull exhibé
En 1885 pendant quatre mois il participera au « Wild West Show » de Buffalo Bill. Il devra figurer en grande coiffe de chef indien à plumes, équipé de lances, d’arcs et de flèches. Il lui faudra mimer de partir sur le sentier de la guerre avec des guerriers peaux-rouges puis imiter l’affut des chasseurs. Il devra simuler des danses sacrées, chaussé de mocassins sur des cercles de fourrures et des peaux de bisons, singer des cérémonies et des rituels imaginaires. Enfin il devra satisfaire le fantasme de fumer le calumet de la paix avec les militaires, sous le tipi d’un campement. Inutile de dire qu’il supporta mal ces parodies de westerns encensant la colonisation et la conquête de l’ouest.
Fin de vie
Il passera les dernières années de sa vie dans la réserve de Standing Rock.
Là il continuera de soutenir les mouvements de contestation.
Le 15 décembre 1890, au petit matin, 43 policiers indiens viennent l’arrêter. Bien que la police ait eu pour instruction de ne pas provoquer d’émeute l’arrestation dégénère. Dans la confusion un des policiers du nom de « Catch the Bear » situé derrière lui, lui tire une balle à bout portant dans la nuque.
La lettre de Sitting Bull, une référence pour Thao Tenet
La lettre de Sitting Bull est citée en épigraphe du roman « Le Secret de Marthe ».
Chapitre 51, Marco, l’un des personnages clef du roman dit de cette lettre, qu’elle est « une des plus belles lettres du monde (…) À elle seule, elle vaut bien la Bible entière. ».
Histoire de la lettre de Sitting Bull
Elle fut rédigée en 1886 et envoyée par Sitting Bull au président des Etats-Unis Grover Cleveland pour donner son avis sur le rachat des terres indiennes par les colons américains. Cette lettre est un message de paix pour les générations présentes et futures.
Sitting Bull ne savait pas écrire ; il a dicté la lettre en mars 1886.
Cette lettre est exceptionnelle en raison de son caractère prophétique, de sa haute qualité sociologique et humaniste reprenant l’essence de son peuple amérindien. Imprégnée à chaque ligne de sagesse et de culture indienne, elle ne manque pas non plus de poésie.
Avec le réchauffement climatique, les friches industrielles, la pollution de l’air, des terres et des mers, la déforestation, la disparition des espèces nous sommes de plain pieds dans les avertissements proférés par Sitting Bull : « Où est le bison ? Disparu. Où est l’aigle ? Disparu. Où sont les animaux ? Disparus. Où est la beauté de la Terre ? Disparue. Votre esprit de rapacité vous fera disparaître. Notre esprit nous rendra faible en apparence. Mais un jour l’idée du respect de la Terre renaîtra car la fin de la vie est le début de la survivance. »
Retranscription de la lettre
« L’homme blanc ne comprend pas nos mœurs. Une parcelle de terre ressemble pour lui à la suivante, car c’est un étranger qui arrive dans la nuit et prend à la terre ce dont il a besoin. La terre n’est pas son frère, mais son ennemi, et lorsqu’il l’a conquise, il va plus loin. Il abandonne la tombe de ses aïeux, et cela ne le tracasse pas. Il enlève la terre à ses enfants et cela ne le tracasse pas. La tombe de ses aïeux et le patrimoine de ses enfants tombent dans l’oubli. Il traite sa mère, la terre, et son frère, le ciel, comme des choses à acheter, piller, vendre comme les moutons ou les perles brillantes. Son appétit dévorera la terre et ne laissera derrière lui qu’un désert.
Nos mœurs sont différentes des vôtres. La vue de vos villes fait mal aux yeux de l’homme rouge. Mais peut-être est-ce parce que l’homme rouge est un sauvage et ne comprend pas. Il n’y a pas d’endroit paisible dans les villes de l’homme blanc. Pas d’endroit pour entendre les feuilles se dérouler au printemps ou le froissement des ailes d’un insecte. Mais peut-être est-ce parce que je suis un sauvage et ne comprends pas. Le vacarme semble seulement insulter les oreilles. Et quel intérêt y a-t-il à vivre si l’homme ne peut entendre le cri solitaire de l’engoulevent ou les palabres des grenouilles autour d’un étang la nuit ? L’Indien préfère le son doux du vent s’élançant au-dessus de la face d’un étang, et l’odeur du vent lui-même, lavé par la pluie de midi ou parfumé par le pin pignon.
L’air est précieux à l’homme rouge, car toutes choses partagent le même souffle ; la bête, l’arbre, l’homme, ils partagent tous le même souffle. L’homme blanc ne semble pas remarquer l’air qu’il respire. Comme un homme qui met plusieurs jours à expirer, il est insensible à la puanteur. Mais si nous vous vendons notre terre, vous devez vous rappeler que l’air nous est précieux, que l’air partage son esprit avec tout ce qu’il fait vivre. Le vent qui a donné à notre grand-père son premier souffle a aussi reçu son dernier soupir. Et si nous vous vendons notre terre, vous devez la garder à part et la tenir pour sacrée, comme un endroit ou même l’homme blanc peut aller goûter le vent adouci par les fleurs des prés.
Comment pouvez-vous acheter ou vendre le ciel, la chaleur de la terre ? L’idée nous paraît étrange. Si nous ne possédons pas la fraîcheur de l’air et le miroitement de l’eau, comment est-ce que vous pouvez les acheter ?
Chaque parcelle de cette terre est sacrée pour notre peuple. Chaque aiguille de pin luisant, chaque rive sableuse, chaque lambeau de brume dans les bois sombres, chaque clairière et chaque bourdonnement d’insecte est sacré dans le souvenir et l’expérience de notre peuple. La sève qui coule dans les arbres transporte les souvenirs de l’homme rouge.
Les morts des hommes blancs oublient le pays de leur naissance lorsqu’ils vont se promener parmi les étoiles. Nos morts n’oublient jamais cette terre magnifique, car elle est la mère de l’homme rouge. Nous sommes une partie de la terre, et elle fait partie de nous. Les fleurs parfumées sont nos sœurs ; le cerf, le cheval, le grand aigle, ce sont nos frères. Les crêtes rocheuses, les sucs dans les prés, la chaleur du poney et l’homme, tous appartiennent à la même famille.
Aussi lorsque le Grand Chef à Washington envoie dire qu’il veut acheter notre terre, demande-t-il beaucoup de nous. Le Grand Chef envoie dire qu’il nous réservera un endroit de façon que nous puissions vivre confortablement entre nous. Il sera notre père et nous serons ses enfants. Nous considérerons donc, votre offre d’acheter notre terre. Mais ce ne sera pas facile. Car cette terre nous est sacrée.
Cette eau scintillante qui coule dans les ruisseaux et les rivières n’est pas seulement de l’eau mais le sang de nos ancêtres. Si nous vous vendons de la terre, vous devez vous rappeler qu’elle est sacrée et que chaque reflet spectral dans l’eau claire des lacs parle d’événements et de souvenirs de la vie de mon peuple. Le murmure de l’eau est la voix du père de mon père.
Les rivières sont nos frères, elles étanchent notre soif. Les rivières portent nos canoës et nourrissent nos enfants. Si nous vous vendons notre terre, vous devez désormais vous rappeler, et l’enseigner à vos enfants, que les rivières sont nos frères et les vôtres, et vous devez désormais montrer pour les rivières la tendresse que vous montreriez pour un frère.
Nous considérerons donc votre offre d’acheter notre terre. Mais si nous décidons de l’accepter, j’y mettrai une condition : l’homme blanc devra traiter les bêtes de cette terre comme ses frères.
Nous sommes sauvages et nous ne connaissons pas d’autre façon de vivre. Nous avons vu un millier de bisons pourrissant sur la prairie, abandonnés par l’homme blanc qui les avait abattus d’un train qui passait. Nous sommes des sauvages mais nous ne comprenons pas comment le cheval de fer fumant peut être plus important que le bison que nous ne tuons que pour subsister. Qu’est l’homme sans les bêtes ? Si toutes les bêtes disparaissaient, l’homme mourrait d’une grande solitude de l’esprit. Car ce qui arrive aux bêtes, arrivera bientôt à l’homme. Toutes les choses se tiennent.
Vous devez apprendre à vos enfants que le sol qu’ils foulent est fait des cendres de nos aïeux. Pour qu’ils respectent la terre, dites à vos enfants qu’elle est enrichie par les vies de notre peuple. Enseignez à vos enfants ce que nous avons enseigné aux nôtres, que la Terre est notre Mère. Tout ce qui arrive à la Terre, arrive aux Fils de la Terre. Si les hommes crachent sur le sol, ils crachent sur eux-mêmes. S’ils salissent la Terre ils se salissent eux-mêmes. Nous savons au moins ceci : la terre n’appartient pas à l’homme, l’homme appartient à la terre. Cela, nous le savons. Toutes choses se tiennent comme le sang qui unit une même famille. Toutes choses se tiennent. Tout ce qui arrive à la terre, arrive aux Fils de la Terre. Ce n’est pas l’homme qui a tissé la trame de la vie, il en est seulement un fil. Tout ce qu’il fait à la trame, il le fait à lui-même. Même l’homme blanc, dont le Dieu se promène et parle avec lui comme deux amis ensemble, ne peut être dispensé de la destinée commune.
Après tout, nous sommes peut-être frères. Nous verrons bien. II y a une chose que nous savons, et que l’homme blanc découvrira peut-être un jour, c’est que notre Dieu est le même Dieu. Il se peut que vous pensiez maintenant le posséder comme vous voulez posséder notre Terre, mais vous ne pouvez pas. Il est le Dieu de l’Univers, et sa pitié est égale pour l’homme rouge et le blanc. Cette Terre lui est précieuse, et nuire à la Terre, c’est accabler de mépris son créateur. Les blancs aussi disparaîtront ; peut-être plus tôt que toutes les autres tribus. Contaminez votre lit, et vous suffoquerez une nuit dans vos propres détritus.
Mais en mourant vous brillerez avec éclat, ardents de la force du Dieu qui vous a amenés jusqu’à cette Terre et qui pour quelque dessein particulier vous a fait dominer cette Terre et l’homme rouge.
Cette destinée est un mystère pour nous, car nous ne comprenons pas lorsque les bisons sont tous massacrés, les chevaux sauvages domptés, les coins secrets de la forêt chargés du fumet de beaucoup d’hommes et la vue des collines en pleines fleurs ternies par des fils qui parlent. Où est le bison ? Disparu. Où est l’aigle ? Disparu. Où sont les animaux ? Disparus. Où est la beauté de la Terre ? Disparue. Votre esprit de rapacité vous fera disparaître. Notre esprit nous rendra faible en apparence. Mais un jour l’idée du respect de la Terre renaîtra car la fin de la vie est le début de la survivance. »